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Le bon fonctionnement d’un réseau s’appuie sur le principe de non autorité de la tête de réseau. Les managements pyramidal et binaire cèdent leur place à un système d’interdépendances qui favorise les styles participatifs et délégatifs. A l’exception de quelques salariés dans certains réseaux, où le rapport de subordination existe, les autres parties prenantes bénévoles acceptent d’agir sous influence. Pour ce faire, ce sont les valeurs féminines de notre société qui se placent au cœur du fonctionnement les réseaux professionnels. Doit-on pour autant jeter aux orties les valeurs masculines ? Et d’ailleurs quelles sont-elles ?

Qu’entend-ton par valeurs féminines ?

Les valeurs féminines n’identifient pas les femmes, elles correspondent aux valeurs sociales qu’elles se sont majoritairement appropriées et qu’elles reproduisent en comportements et messages. Un homme peut donc se les approprier tout comme l’inverse pour les femmes avec les valeurs masculines.

L’histoire, nos comportements et notre éducation ont créé des valeurs référentes associées aux deux sexes. Celles des femmes sont majoritairement axées sur les relations et le collectif. En voici quelques-unes issues de l’ouvrage rédigé en 2007 par Mike Burke et Pierre Sarda « Émergence des valeurs féminines dans l’entreprise » :

• Force psychologique,
• Résistance/endurance,
• Courage psychologique,
• Patience,
• Recherche de solutions gagnant-gagnant,
• Recherche de l’équilibre,
• Coopération,
• Consensus,
• Reconnaissance mutuelle,
• Acceptation de l’ambiguïté,
• Reconnaissance des nuances,
• Recherche de la similarité avec les autres,
• Interdépendance,
• Réciprocité,
• Intuition,
• Subjectivité,
• Approche systémique de la prise de décision,
• Influence.

En quoi sont-elles essentielles au bon fonctionnement d’un réseau ?

Les groupes fondés sur la dynamique d’un réseau fonctionnent sur le consensus, la réciprocité et l’interdépendance de ses membres autonomes. Aucun des membres ne détient d’autorité au sens propre du terme. Le système génère une forte dose d’adaptabilité et d’agilité (remise en question par le collectif, renouvellement du bureau, changement de paradigmes, etc.) s’il veut survivre.

Dans ce mode de fonctionnement, les valeurs masculines sont peu représentées et moins efficaces comme le commandement, le contrôle ou le pouvoir centralisé. La coercition est très mal vécue et débouche vers des démissions ou de l’absentéisme. Il existe bien sûr des réseaux dirigés par des valeurs à dominante masculine. Par exemple, le pouvoir du « chef » peut s’apparenter à celui de certaines pratiques religieuses ou mystiques. Il dirige sa communauté et veille à ce qu’elle ne s’égare pas.

A contrario, gérer un collectif aux visages multiples et le fédérer atour d’intérêts communs s’avère plus efficace avec les valeurs féminines. L’empathie, l’écoute, la communication positive seront plus constructives et plus confortables que le fait d’imposer ses décisions. Elles sauront apaiser et gérer des situations relationnelles difficiles en respectant les membres du réseau.

De plus, celles et ceux qui agissent avec ces valeurs ont compris qu’ils ont besoin les uns des autres pour remplir leurs missions communes. Ils cherchent donc l’entraide, la coopération et non à briller. Comme ils sont au cœur du fonctionnement de leur réseau, ils se stimulent les uns les autres pour produire avancer ensemble. A la suite d’une campagne d’adhésion, ils accueillent des personnes qui ont des attentes ou des intérêts communs tout en privilégiant la diversité des profils source de créativité. Enfin, ils cherchent à convaincre et à influencer afin de favoriser la prise d’initiative ou l’acceptation volontaire.

Doit-on renoncer aux valeurs masculines dans un réseau ?

Je suis persuadée qu’il est bon d’en écarter certaines pour avoir constaté les dégâts produits par plusieurs d’entre-elles.

Les principales valeurs masculines s’apparentent à :

• L’autorité,
• La force,
• Le pouvoir,
• La violence,
• La communication directe,
• La conquête,
• La compétition,
• La combativité,
• La pensée binaire,
• L’autonomie,
• L’indépendance,
• La rationalité.

Il est évident qu’au regard de ce que j’ai présenté précédemment, la force, le pouvoir, la compétition, l’indépendance… sont difficilement compatibles avec la dynamique d’un réseau prospère. Cependant, séparer l’opinion des faits et du ressenti, prendre du recul pour analyser, synthétiser et surtout garder la tête froide, sont des exemples de valeurs masculines qui s’intègrent parfaitement dans un collectif. La conquête de nouveaux adhérents exprimée avec la détermination d’objectifs prioritaires est également une valeur masculine à choyer.

Les valeurs masculines sont encore très présentes dans les entreprises. Elle le sont moins dans celles qui fonctionnent depuis longtemps en réseau et celles qui privilégient « l’hyperarchie ». Il s’agit d’organisations qui favorisent la prise de décisions importantes par des salariés ou assimilés sans statut hiérarchique. Peut-on parler de tendance de fond ? Arrivera-t-on à une meilleure répartition du pouvoir de décision ? Le terreau est favorable (difficulté à recruter, affirmation des besoins des salariés, politiques RSE, entreprises à impact, etc.).

En conclusion, le succès d’un réseau dépend des qualités relationnelles de ses membres, dont leur aptitude à s’adapter aux divergences de points de vue et à les respecter en gardant en tête l’objectif commun. Il embrasse les valeurs féminines sans néanmoins renoncer à toutes les masculines. Effectivement, elles ont aussi leur utilité quand il s’agit, par exemple, de simplifier, de trancher à partir de règles de fonctionnement ou de clarifier des objectifs. Les unes ne peuvent fonctionner sans les autres et elles se complètent. C’est ce qui fait la richesse de notre humanité.

Catherine Sarnow